La crise du Covid-19 a révélé notre dépendance à des entreprises lointaines pour s’approvisionner en matériel parfois vital (matériel médical, agroalimentaire…). Ce constat soulève de nombreuses questions : faut-il relocaliser ? Comment rendre l’industrie plus compétitive ? Comment anticiper d’éventuels nouveaux événements imprévisibles ?
Si la relocalisation est le sujet “tendance” du moment, souvent brandie comme une évidence, elle n’est cependant pas la seule solution pour notre industrie. La digitalisation et l’automatisation sont aussi des pistes d’amélioration.
Réindustrialiser la France en créant un écosystème local
Les Français sont de plus en plus attachés au local et cherchent à consommer français. Or, depuis de nombreuses années, les processus de production sont internationaux. De nombreuses entreprises font appel à des fournisseurs étrangers, certaines ont délocalisé leurs usines… Le “made in France” est donc compromis : il sera difficile de reconquérir notre souveraineté industrielle si nous restons dépendant de fournisseurs étrangers pour nos outils de production. C’est la même chose sur l’ensemble de la chaîne : logiciels, matières premières, logistique… Nous devons garder et développer nos compétences sur tous les métiers de l’industrie.
Avec la crise sanitaire, le gouvernement, et les consommateurs, ont pris conscience d’avoir un écosystème industriel fort. En Allemagne, l’industrie est très solide, ce qui permet au pays de résister et d’être vraiment leader. En France, nous avons un écosystème puissant autour de l’aéronautique avec Dassault, Airbus, leurs sous-traitants… Cet écosystème permet d’être fort sur la filière, de ne pas dépendre de l’étranger et de survivre aux bouleversements mondiaux. Et c’est aujourd’hui ce qui manque clairement à l’industrie française en général.
Renforcer l’industrie grâce à la digitalisation des usines
La relocalisation n’est pas suffisante pour réinventer le secteur industriel. La crise sanitaire a révélé un aspect devenu incontournable : numériser les processus qui peuvent l’être. Aujourd’hui, la logistique, les ressources humaines, le service commercial ou encore les approvisionnements peuvent être dématérialisés. Si ce n’était pas fait avant le confinement, ce dernier a permis de replacer le digital en tête des priorités. Et cela doit l’être pour tous.
Il est nécessaire de penser sur le long terme, de préparer le système d’information pour que dans les 10 prochaines années, il puisse absorber l’avènement de la robotique par exemple. Comme cela a été le cas pour le secteur logistique : seuls les entrepôts numérisés tirent leur épingle du jeu. Ce qui nous amène au point suivant : l’anticipation.
Préparer l’industrie à une éventuelle prochaine crise
Comme évoqué précédemment, la crise a mis en lumière les retards en termes de numérisation des usines. Le télétravail n’a pas pu être déployé pour toutes les entreprises. Et pour cause : l’accès à l’information à distance n’est pas toujours possible. Cependant, c’est désormais un prérequis.
Dans la sphère privée, nous sommes en mesure d’obtenir des informations en temps réel sur le suivi d’un colis ou sa livraison par exemple. Les collaborateurs mais aussi les clients, fournisseurs, transporteurs attendent le même niveau d’information et la même instantanéité dans leur vie professionnelle.
Les entreprises industrielles doivent donc s’adapter et informatiser pour répondre à ce nouveau besoin. L’accès à l’information est primordial quand on travaille à distance : besoin d’agilité, de réactivité. Sans outils flexibles, sans dématérialisation des processus et des procédures, cet accès est limité. C’est un aspect essentiel de la transformation des entreprises.
Automatiser la production pour être plus compétitifs
La robotisation et l’automatisation ont mauvaise presse. Pourtant, c’est un facteur clé de succès pour réinventer le secteur industriel. On pense souvent que cela va détruire des emplois. Mais c’est le contraire : cela va permettre d’en créer de nouveaux. Aujourd’hui, certaines entreprises sont en avance sur le sujet et ont une production totalement autonome. Cette robotisation permet de faire tourner les usines avec un minimum de salariés, très bénéfique en cas de confinement comme nous avons vécu.
Pourtant, si on veut rester compétitif et si le mot d’ordre est la relocalisation; l’automatisation sera un prérequis. En effet, les consommateurs n’accepteront pas forcément de payer plus cher parce que c’est fabriqué en France. La baisse des prix de fabrication est donc non négociable et sera possible grâce à la robotisation. Cette démarche nécessite des investissements conséquents, mais qui peuvent être anticipés dès maintenant en préparant le système d’information à cette évolution. Tout cela dans une optique d’usine 4.0.
Relocaliser les entreprises industrielles n’est qu’une option parmi d’autres pour réinventer l’industrie. Elle ne peut se décréter ni se faire en recréant en France des chaînes industrielles identiques à celles que l’on a confiées à l’étranger. Il faut également penser “dématérialisation”, “anticipation” et “robotisation”. Toutes ces pistes sont complémentaires. La relocalisation ne sera pas possible sans digitalisation.