ERP SaaS et souveraineté : quels risques pour les industriels ?
Le modèle SaaS dans l’industrie : confort apparent, risques réels
Au fil des dernières années, les solutions ERP en mode SaaS se sont largement imposées dans les entreprises industrielles. Leur promesse est séduisante : pas d’infrastructure à maintenir, mises à jour automatiques, accès facilité à distance, facturation plus souple. De nombreuses PME et ETI y ont vu un moyen d’alléger leur charge informatique tout en modernisant leur outil de gestion.
Mais ce modèle, conçu pour la simplicité, masque parfois une série de fragilités qui ne se révèlent que dans des contextes de crise ou de transformation. En externalisant leur ERP, les entreprises cèdent une partie de leur autonomie sur un système central, qui pilote des fonctions aussi vitales que les achats, la production, la logistique ou la finance. Et cette délégation, si elle est mal encadrée, peut conduire à une forme de dépendance lourde.
En confiant leur cœur de système à un éditeur ou un hébergeur distant, souvent étranger, les industriels exposent leur continuité d’activité à des risques qui ne relèvent pas de la technique mais du droit, du contrat, ou de la géopolitique. Le confort du cloud ne doit donc pas occulter la question essentielle de la maîtrise.

Cloud Act, verrouillage, opacité : les angles morts juridiques et techniques
L’un des risques les plus sous-estimés dans le choix d’un ERP cloud réside dans la localisation de l’hébergement. Lorsque les données sont stockées hors de l’Union européenne – ou même simplement chez un fournisseur soumis au droit américain – elles peuvent être concernées par des législations comme le Cloud Act. Ce texte autorise, dans certaines conditions, les autorités américaines à exiger l’accès à des données, y compris si celles-ci sont hébergées ailleurs, dès lors que l’entreprise qui les détient est américaine.
Pour une entreprise industrielle française, cela signifie qu’un tiers étranger pourrait, potentiellement, accéder à des informations critiques : nomenclatures produits, fichiers clients, données financières, procédés de fabrication. Même si ce risque est encadré, il pose une question de souveraineté évidente.
À cette exposition juridique s’ajoutent des verrouillages techniques fréquents. De nombreux ERP en cloud enferment les données dans des formats propriétaires, empêchant leur migration aisée vers une autre solution. Les API, quand elles existent, sont limitées ou payantes. L’entreprise n’a souvent aucun accès natif à la base de données brute. Et en cas de rupture contractuelle, la récupération des données est lente, coûteuse, voire partielle.
Enfin, la lecture des contrats de service (SLA) montre souvent une asymétrie forte. Les responsabilités sont diluées, les engagements de disponibilité flous, les mécanismes de réversibilité rarement détaillés. En clair, une entreprise industrielle qui veut changer d’ERP peut se retrouver bloquée par des freins non anticipés au départ.
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L’ERP, centre névralgique de l’activité… et point de vulnérabilité
Face à ces risques, la première étape consiste à poser les bonnes questions en amont. Où seront hébergées les données ? Qui y a accès ? En cas de litige, quelles garanties juridiques sont applicables ? Le format des données est-il ouvert ? L’outil peut-il évoluer indépendamment de l’éditeur ? Ce sont des questions essentielles, trop souvent reléguées en bout de projet, alors qu’elles devraient structurer la sélection dès le départ.
Un ERP souverain ne signifie pas nécessairement qu’il soit développé localement ou déconnecté du cloud. Cela signifie que l’entreprise peut en garder la maîtrise fonctionnelle, technique, contractuelle et stratégique. Cela passe par des solutions open source, des hébergements en France ou dans l’Union européenne, des contrats clairs sur la portabilité des données, et un accompagnement transparent sur les évolutions futures.
Ce choix ne doit pas être interprété comme un repli technologique. Il s’agit d’un positionnement volontaire, cohérent avec les exigences de continuité, de sécurité et de responsabilité qui s’imposent à l’industrie moderne. Le numérique industriel ne peut plus être piloté comme un service générique. Il doit être pensé comme une infrastructure vitale.
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